25 Janvier 2008
La gestion de l’information santé s’annonce comme le prochain théâtre de la bataille entre les géants de la recherche d’information… qui sont aussi les maîtres de la publicité en ligne. Big Brother, nous voilà !
En octobre dernier, Microsoft avait devancé Google en lançant HealthVault (littéralement le « coffre fort médical »). C’est au tour de Google d’annoncer le lancement imminent pour les internautes américains de Google Health dont le principe est similaire.
Comment ça marche ? Il vous suffit de concentrer toute l’information médicale vous concernant sur un dossier en ligne : données biométriques (age, sexe, poids, taille…), prédispositions et allergies, médecins consultés, résultats d’analyses, médications passées et en cours, chirurgie… Vous envoyez ou partagez ensuite ces données avec votre médecin ou avec qui vous plait.
La promesse de ces outils est triple :
Je dois dire que l’idée d’améliorer sa santé en maîtrisant mieux ses informations médicale est convaincante. Mais que viennent faire Google et Microsoft dans mes ordonnances ?
Je vois deux liens.
Le premier lien est technologique. Archiver, structurer, croiser, contextualiser des masses de données pour les restituer à la demande est le fondement technique du métier de la recherche d’information. En bonus, ils seront capables de trier les pages web pour vous proposer une information médicale individualisée.
Le second lien est mercantile. Le métier de la recherche d’information est aujourd’hui indissociable de celui de la publicité contextualisée. Autrement dit, le modèle économique de Google se résume à : « service gratuit contre publicité ». Dès lors, on comprend tout à fait l’intérêt d’une régie publicitaire pour ces données qui vous décrivent si précisément.
Certes, comme pour les autres services Google, vos contenus personnels sont traités automatiquement, par une machine aveugle. Cependant, on ne peut s’empêcher d’imaginer que cela ne serait que la première étape d’une société fichée et robotisée. A ce stade, je vous renvoie à la lecture de l’essai « Quand Google est devenu le mal ».
Pour tout dire, je ne suis pas sur que ce genre d’initiatives privées, sur des données personnelles aussi sensibles soient acceptables en France. A ce sujet on ne peut qu’encourager la mise en œuvre du Dossier Médical Personnel (DMP) qui sera un service public dont on peut espérer la confidentialité.